Ne serait-il pas parfait de devenir rentier ? Vous recevez des intérêts indéfiniment ! Mais ce n’est pas si simple. Aujourd’hui on parle d’obligations perpétuelles, car l’idée revient en force en ces temps troublés.

[Les vagues symbolisent le mouvement perpétuel : quoi qu’il arrive, elles continueront à s’échouer avec régularité sur les côtes]

Une vieille histoire

J’en profite pour vous raconter un peu ma vie, j’ai lu récemment Le Père Goriot de Balzac. Et dans ce chef d’œuvre (que je vous conseille vivement d’ailleurs, même si on sort de mes thèmes de prédilection de réussite personnelle !), on y voit Monsieur Goriot parler de vendre ses créances perpétuelles. Le concept n’est donc pas tout jeune, l’histoire se déroule dans un univers contemporain à celui de Balzac qui l’a écrit en 1835. Je trouve la coïncidence amusante : je le lis dans une œuvre du XIXème siècle et on entend l’idée fleurir dans le cadre d’obligations qui serviraient aux plans de relance des état européens.

Dettes perpétuelles

Une dette perpétuelle est un prêt dont l’emprunteur ne paie que les intérêts sans rembourser la somme empruntée, et qui n’a donc pas de date de fin de remboursement. Cela ressemble à une rente, dont le montant finit par devenir insignifiant en raison de l’inflation. En effet, chaque année, le rendement « réel » des intérêts diminue chaque année tant que l’inflation est positive. De plus, il n’y a aucun intérêt particulier à détenir une obligation perpétuelle, vous pourriez « roller » vos obligations, c’est-à-dire racheter une nouvelle obligation avec les coupons et le principal échus de la première. Cela revient au même. Mais l’inflation est faible de nos jours. Alors, est-ce une bonne idée ?

On peut remarquer que les actions aussi sont des instruments au rendement perpétuel, mais à la différence des obligations perpétuelles, à coupons fixes, le montant des dividendes versés change tous les ans. Et généralement on veut qu’il augmente !

C’est une forme de crédit qui a surtout été utilisée comme instrument de dette souveraine à la fin du Moyen Âge. Il devait son existence à l’interdiction catholique des prêts à intérêts. Avec une dette perpétuelle, le débiteur (l’emprunteur) n’est jamais obligé de rembourser le montant, il n’est pas contraint moralement.[1]

Et avec le coronavirus ?

Cela permettrait de lever des dettes importantes tout en maintenant le ratio d’endettement des États faible puisque cette dette perpétuelle serait portée par l’Union européenne. Or, les avis divergent sur l’intérêt d’une telle mesure. Car pour que cette dette soit attractive, il faudrait pouvoir proposer aux investisseurs des intérêts élevés.  Or, sur le marché c’est 0,5% en moyenne pour les États de la zone euro. Qui irait prêter aux États sur un siècle à taux si faible en ayant la certitude de ne pas être remboursé ? Personne. Ou alors il faut un taux attractif 5% par exemple. L’État aurait donc à servir du 5%, alors que sur les marchés, il peut avoir du 0,5% ! Certes avec l’obligation de rembourser. Tout ça pour dire qu’il n’y a pas de solution miracle. De plus, les pays du Nord de l’Europe ne sont pas d’accord pour une dette commune, qu’elle soit perpétuelle ou non.[2]

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[1] Pascal Ordonneau. (2012) Les Echos – Dettes perpétuelles : un nouvel instrument de dette souveraine ? – Archives. Retrieved May 02, 2020, from http://archives.lesechos.fr/archives/cercle/2012/11/27/cercle_59908.htm

[2] Capital.fr. (2020) L’Allemagne s’oppose aux coronabonds, souhaités par la France et l’Italie contre la crise – Capital.fr. Retrieved May 03, 2020, from https://www.capital.fr/entreprises-marches/lallemagne-soppose-aux-coronabonds-souhaites-par-la-france-et-litalie-contre-la-crise-1365932

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