Le 15 septembre 2008, ce que Wall Street redoute le plus devient réalité : une grande banque (Lehman Brothers) fait faillite, précipitant les marchés financiers et l’économie mondiale dans une immense inconnue. La crise du Covid-19 fait de nouveau planer la menace de faillite sur nos banques.
Une banque (ou une compagnie d’assurance) est une entreprise, elle a donc un bilan, un actif et un passif. Si elle ne peut plus payer ses créanciers (tous ceux à qui elle doit de l’argent : salariés, prêteurs, autres banque, administration fiscale) elle peut entrer en liquidation : la justice saisit les actifs et les revend pour payer les créanciers et s’il reste quelque chose, les actionnaires.
Le souci c’est que la crise des subprimes nous a appris quelque chose : les banques et les compagnies d’assurance sont « Too big to fail » soit trop grosse pour faire faillite. Cela ne signifie pas qu’il leur est impossible de faire faillite, mais simplement qu’une faillite entraînerait la chute de nos économies. Par conséquent les banques se savent couvertes par les autorités et par les banques centrales. Par exemple : en 2008 le plan Paulson a prévu des rachats de masse (700 milliards de dollars !) des titres « toxiques » des banques : les subprimes. En somme, le gouvernement fédéral a épongé les pertes des banques à cette époque pour leur éviter la faillite.[1] Elles se font concurrence pendant le « boom » (la période d’expansion économique) mais elles retournent bien vite dans les jupons dans la banque centrale en lui demandant de baisser ses taux pour favoriser le crédit lorsque vient le « bust » (la récession). Nous avions déjà parlé des baisses de taux dans notre article de la semaine dernière !
Les banques françaises seront sauvées par la BCE, qui distribuent du crédit à taux zéro ou presque à toutes ses petites sœurs privées. Par ailleurs, comme mentionné dans notre dernier article, la BCE rend des comptes à la zone euro. Qui va mettre la banque centrale en faillite ? Certainement pas les pays de la zone euro, ce serait se tirer une balle dans le pied. La BCE ne fera pas faillite donc votre banque ne fera pas faillite.
CQFD.
De plus, les banques sur le point de couler ont été rachetées par d’autres banques, créant des banques toujours plus grosses. La frise ci-dessous vous montre les principaux groupes bancaires américains.
Le danger pour l’économie de la faillite d’une de ces banques est d’autant plus grand que ces banques sont géantes. Ajoutez à cela le fait qu’elles sont aussi des banques de dépôts (c’est-à-dire des banques de tous les jours, celles que vous et moi rencontrons régulièrement), et plus seulement des banques d’affaires. Supposons que l’économie tienne le coup après la chute d’une banque, disons du Crédit Agricole par exemple. Il y aurait tout de même un tsunami politique : tous vos comptes à la banque verte à zéro, vous êtes ruinés ! Enfin, l’êtes-vous vraiment ?
Si vous vous amusez à lire tous les mails que votre banque vous envoie, vous en aurez sûrement vu passer un qui mentionne les fameux 100 000 €.
En effet, et comme vous pouvez le voir sur ce mail que j’avais reçu d’une célèbre banque allemande, vos comptes bancaires[2] sont couverts à hauteur de 100 000 € en cas de faillite d’un établissement de crédit. C’est le Fonds de garantie des dépôts et de résolution (FGDR), institution de droit privé créée en 1999 et gérée par les banques contribuant au fonds, qui est chargé de dédommager les déposants, à la demande de l’instance de régulation du secteur financier, l’ACPR (Autorité de contrôle prudentiel et de résolution), lorsque leur banque ne peut plus faire face à ses engagements.
Concrètement, cela signifie que l’intégralité de votre compte vous sera remboursée dans un délai donné en cas de faillite de l’établissement bancaire, si vous avez moins de 100 000 € placés dessus. Au-delà, on considère que la banque vous doit toujours les euros restant (une créance de 2 000 € si vous aviez 102 000 € sur le compte).
Vous êtes donc théoriquement protégés par l’État en cas de faillite d’une banque.
Ce dispositif est toutefois fait, à mon avis, pour rassurer Mme Michu. En réalité, en cas de faillite d’une banque, il y a un risque de réaction en chaîne car les banques se prêtent entre elles. De surcroit, il est certain que beaucoup de gens se rueront sur leurs économies, ils retireront leur argent de leurs placements, feront des rachats sur leurs contrats d’assurance vie (ces derniers sont garantis jusqu’à 70 000 € par le FGDR) etc. Ce qui va aggraver la situation des banques et des assurances ! La décollecte massive et le « bank run » (le fait de retirer en cash l’argent de votre compte bancaire) empirent le phénomène.
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[1] Je généralise beaucoup ici, il y a eu beaucoup d’autres actions pour protéger les banques. Mais racheter les actifs « pourris » revient réellement à éponger les pertes.
[2] Cela regroupe : les comptes courants, les comptes sur livret, l’épargne logement (CEL ou PEL), les livrets jeunes, les comptes à terme, les comptes-espèces de plan d’épargne en actions (PEA), de plan d’épargne retraite (PER), de plan d’épargne salariale.